Henri Guérin, Vitraux

Texte de présentation des vitrauxVitrail

Chapelle d’hiver du monastère Saint-Étienne

École archéologique et biblique française de Jérusalem

Sensible à l’œuvre du Père créateur, ici manifestée par les arbres du jardin qui l’acclament de toutes leurs branches dressées vers le ciel, j’ai essayé de l’unir aux six vitraux désormais inscrits dans les embrasures des fenêtres de la chapelle d’hiver.

Les fenêtres binaires disposées dans chaque travée m’ont suggéré de consacrer les deux premières du petit chœur au Père Saint, les deux suivantes à son fils Jésus et à Marie, par le vitrail bleu englobant dans ses rythmes la chair du Christ. La dernière travée, face à l’entrée, est consacrée à l’Esprit Saint qui nous révèle les mystères célébrés en ce lieu.

Évidemment, nulle trace de représentation : six grandes palmes alternées d’ors et de tons mineurs accordés au jardin pour faire écho aux chants de louange ou de supplication. À travers les rythmes et les couleurs du verre, la lumière chante et se difracte dans l’espace. Elle crée le recueillement nécessaire pour que ce lieu contribue à la paix du cœur et pour célébrer joyeusement la liturgie. Le vitrail n’est qu’une paraliturgie : par la lumière visible qui le traverse, il suggère une lumière plus haute, invisible aux yeux mais sensible au cœur et à l’esprit. La tradition dit que le vitrail symbolise la Jérusalem Céleste en ses portes de pierres précieuses.

C’est par une technique de taille de mes dalles de verre, colorées à la fusion dans la masse, taille liée à l’expression, que ces vitraux sont issus. Travail de taille directe, comme un sculpteur, dans une création continue, de la maquette jusqu’à l’assemblage final. La création monumentale de vitraux est un art du service du lieu. Aussi, j’essaie de m’accorder organiquement à l’édifice et lorsque cet accord comme par miracle s’est réalisé, c’est que l’inspiration m’a sans doute habité. J’ai alors le sentiment que, malgré tout le respect du lieu et tous mes efforts pour m’y inscrire, le meilleur m’a échappé et que l’Esprit m’a tenu la main comme à mon insu.

Les trois arcs au fond du chœur m’ont inspiré un décor très sobre sur le thème trinitaire. Les larmes de verre blanc accompagnent les lobes des arcs : évocation du Fils et de l’Esprit, les deux mains du Père, selon saint Irénée. La couronne centrale solennise la majesté de Dieu. Dans cette pure clarté du chœur, les vêtements des célébrants apporteront la couleur liturgique propre du temps.

Ce travail de pose des vitraux n’aurait pu se faire sans la présence vigilante d’Agnès Marcaud et avec l’aide de Fadi. Qu’ils soient remerciés comme la communauté pour la confiance qu’ils m’ont accordée que j’espère ne pas avoir trahie.

Henri Guérin